mercredi 31 août 2011

Le Buvec, éditeur Brecon [Paullux]


I

« En 1968, j'étais pour la sélection »
Pierre Le Buvec, éditeur


Cher Monsieur Le Buvec,

            Vous êtes un éditeur bonhomme et même affable au premier abord, et bien que nous différions à peu  près en tout, j'aimais à croire que ce stage  se déroulerait sous des cieux augustes. Mais Monsieur Le Buvec, si ce soir on me proposait d'oublier ce premier jour et d'arrêter les frais, je signerais sans hésiter.
            Car, il faut le dire, passer quatre heures de sa matinée à corriger les manuscrits d'auteurs mauvais comme des cochons, et arrogants de surcroît, ce n'est pas une vie. Oui, je pense à ce M. Benet, qui se veut littérateur, appelle ses nouvelles  « Romans », me serine pour une histoire de police 13 plutôt que 12, se pique d'une langue recherchée, début de siècle, mais creuse, ô creuse. Et puis, il faut bien avouer que ce que j'ai corrigé comme fautes ferait rougir les petits banlieusards que vous critiquez tant, Monsieur Le Buvec : je ne compte plus les accents circonflexes rajoutés sur les i ou la confusion systématique entre un imparfait et un passé simple. Mais ce M. Benet est un Proust à côté de vos journalistes avinés qui, cédant à tous les tics de langage, se rêvent les polémistes de demain en réhabilitant Maurice Papon ou en nous révélant les derniers potins de la CIA.       
           Alors oui, vous éditez de la merde. Mais ce n'est rien à côté de vos airs de souverain incapables de manier une souris d'ordinateur, à vos théories xénophobes pré-mâchées, que vous gardez toujours sous la main, emballée dans du Cellulophane, prêtes à être ressorties pour la moindre provocation gratuite.
            Et vous êtes brouillon ! Chaque heure passée dans vos bureaux semble annoncer ma mort prochaine. La compta' le dispute aux manuscrits refusés datant de 1984, qui eux-même luttent contre des cartons, des cartons, des papiers. Une joyeuse partouze du bordel, en somme. Chaque minute même, je me vois brutalement, sauvagement engloutie, étouffée sous l'effondrement de ces manuscrits en vrac, de ces tours de papiers jaunis, symbole de la fragilité de votre empire brecon.
            Dans ces conditions Monsieur Le Buvec, je vous annonce que nos quelques semaines de cohabitation me seront pesantes, mais je compte m'appliquer à ce que vous ne sortiez pas non plus indemne des rouages de votre entreprise pour le moins kafkaïenne.
Bien à vous,



Paulette


II

« Débauche soudaine de digestions
et de vulgarité. Découverte du communisme joyeux du caca. »
Voyage au bout de la nuit

Cher Monsieur Le Buvec,

« Tu es comme mes auteurs, tu me fais perdre mon temps »

            Cette phrase, venue trop tôt dans votre bouche trop ingrate, vous aura coûté cher. Non contente de péter d'un coup sec derrière la nuque votre répondeur antédiluvien, chair de votre chair ou du moins prolongement salvateur de votre voix en toutes circonstances, j'ai repeint vos toilettes. Oui, Monsieur Le Buvec, j'ai souillé vos murs de merde – de merde !- afin que mes déjections répondent à vos publications excrémentielles dans une grande harmonie célinienne du caca. Du caca...J'en entends et lis beaucoup depuis que je suis l'interlocutrice de votre autre auteur, Paul Marsouin, ancien maire brecon UMPiste, qui traîne derrière lui plus de casseroles que la cuisine du Fouquet's (construit-on une statue de Jean-Paul II sur les deniers publics impunément ?) et qui s'est reconverti avec bonheur dans la rédaction d'un roman historique sur les mœurs sexuelles des héritiers de Gengis Khan. Caca aussi, les livres dans les enveloppes destinés au service de presse, de Michel Filde à Eric Naunneau. Heureusement, je veille au grain, et quelle ne sera pas la surprise de ces fers de lance du PAF en voyant le bel étron accompagnant dans l'enveloppe Kraft le torche-cul dont vous leur faites cadeau.

Bien à vous,

Paulette





III

"Quand j'étais à ScPo, un ami a envoyé à son père une fiole de sperme avec écrit Maintenant, nous sommes quittes. J'ai toujours voulu en faire un livre"
Marc Benet, auteur des éditions Le Buvec


Monsieur Le Buvec,

            Pour la cinquième fois depuis notre association, les minutes matinales dans le parc Montsouris auront été ma seule consolation avant la catabase redoutée, qui doit me faire préférer les feuilles de mauvais auteurs aux feuilles de l'automne précoce.
            Aujourd'hui n'a guère apporté son lot de nouveauté puisque vous avez été bordélique et me l'avez reproché, tout en continuant à  me faire perdre mon temps pour vos mondanités cybernétiques (mais non, il n'est pas obligatoire d'imprimer des mails- que dis-je ! Un « courriel », comme on dit chez les éditions Le Buvec- avant de les envoyer).
            Alors oui, vous avez bon cœur, vous m'avez invitée dans un restaurant thaïlandais.
            Pourri.
            Tenu par un brecon. Nationaliste, bien évidemment (Kenavo ar wech'all !). Vous m'avez forcée à avaler des nouilles chinoises infectes, de même qu'un dessert thaïlandais « typique » écœurant au possible, sans voir que j'étais, Monsieur Le Buvec, à une cuillerée de vous vomir dessus des litres et des litres de gerbe, des chutes niagaresques de bile souillée, qui auraient maculé de nouilles chinoises, de crevettes à peine décongelées, de feuilles de menthe et de sauce aigre-douce  votre visage satisfait. Et je ne parle pas de la bouteille de rosé chinois que vous avez descendue avec force conviction, en prenant soin de m'obliger à en boire trois verres pour m'apprendre la vie, sans savoir, peut-être, que n'importe quel gargote exotique propose de l'alcool local, et que mes boyaux résistent fort mal à la piquette Made in China. Autant vous dire, Monsieur Le Buvec, que mon organisme fomente une nouvelle vengeance sensorielle contre vos vexations répétées.
            Vous m'emmerdez, Monsieur Le Buvec, tout comme vos auteurs, qui visiblement biberonnent les liquides alcoolisés autant que vous et vos pairs ; cette faiblesse vous perdra, comme elle a déjà perdu beaucoup de Brecons.
            Vous ne le voyez pas, mais à chaque fois que vous cherchez à me rabaisser , des « Connard », « Connard », « CONNARD » flottent autour de vous, en nuages, comme autant de Furies prêtes à fondre sur votre  médiocrité breconne.
            Je suis, Monsieur Le Buvec, à deux doigts de vous dire d'aller vous mettre votre rentrée littéraire au cul,

            Meilleurs sentiments,
Paulette





IV




1° Qu'est-ce que la région breconne? Rien.
2° Qu'a-t-elle été jusqu'à présent dans l’ordre politique ? Rien.
L'abbé Siéyès interrogé sur le peuple brecon lors des Etats généraux de 1789

L'hiver viendra les gars, l'hiver viendra
La jument de Michao, elle s'en repentira
Texte mis à l'Index des œuvres interdites par la République française réunifiée

Le Buvec,

            Aujourd'hui, la dictature breconne est tombée, et la Résistance célèbre comme il se doit la victoire. Ici, la tête de la Ministre de la Culture, Nolwenn Leroy est plantée au bout d'une pique aux portes de la capitale. Là, le Chef des Finances, M.Bolloré, a été mis aux arrêts sur son yacht. Ne restait plus que vous, Monsieur Le Buvec, vous la Propagande, vous le chantre de la culture breconne – de ses aviateurs, de ses alcools, de ses chevaux, de ses écrivains, de sa flore, de ses alcools – vous enfin, l'organe du Pouvoir le plus honni.
            Quant à moi, mon rôle d'infiltrée touche ici à sa fin. Vous auriez dû vous douter, à mon accent brecon trop épais, à mon catholicisme si mal feint, que nos camps différaient à peu près en tout. Je me suis vue vous décapsuler la tête, comme les KroBZH © que vous descendiez à longueur de journée, j'ai rêvé de vous vider de vos viscères pour vous bourrer non plus de spiritueux, mais des manuscrits de vos tâcherons. La corde vous aura finalement été une mort plus douce, Monsieur Le Buvec, même lorsque la brise automnale vous balançait sous les yeux de l'ire populaire.
            Déjà, le gouvernement gaélique d'Irlande prend acte de la chute du régime totalitaire brecon et reconnaît la République française et laïque. Plus jamais le triskell aux branches noires et prédatrices, prêtes à fondre sur les passants craintifs telles des tentacules, n'ornera nos rues et nos écoles. Nous effacerons jusqu'à vos noms, qui n'apparaîtront guère plus que dans les manuels d'histoire de nos bambins pour leur rappeler, Monsieur Le Buvec, que la breconnerie est morte avec vous en ce ….............2011.

Kenavo ar wech'all

Paulette

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