lundi 23 décembre 2013

L’attaque des requins-vampires nazis de l’espace [Vinze]

Farniente martien, bikinis & alcool bon marché



À l’approche de Spring Break, les abords de Valles Marineris se remplissaient d’adolescents désirant décompresser de la vie étudiante sur Mars. L’année 2055 ne débutait pas sous les meilleurs hospices pour les futurs diplômés dont l’avenir était assombri par l’incertitude du futur suite à une nouvelle récession, découlant directement du crash financier de 2054 sur Terre.
Ben et Jack étaient bien décidés à profiter de chaque instant et à remporter la chasse au nichon organisée au sein de leur fraternité. Il n’était pas si compliqué pendant Spring Break de profiter de l’occasion de se rincer l’œil et de faire une sauvegarde photographique mémorielle de l’instant. Celui ramenant le plus de clichés gagnait le respect pour toute une année. Il y avait bien sûr une mention spéciale à celui qui réussissait à ramener un cliché de nu intégral, bien plus compliqué à obtenir.
« Bienvenue à tous pour Spring Break 2055 » annonçait un panneau à l’entrée de la cité balnéaire. L’inscription « Vive la fete » avait été ajoutée au marqueur en dessous, visiblement dans l’urgence et d’une main peu assurée.
Le soleil commençait à décliner dans le ciel et les deux amis avaient trois objectifs à atteindre avant qu’il ne disparaisse définitivement : Trouver un endroit où planter leur tente, de l’alcool bon marché et des filles pour partager la soirée, l’alcool et éventuellement la tente.
Rien ne semblait inaccessible dans cette ambiance. Bien que pris d’assaut les campings ne manquaient pas de places et les environs regorgeaient d’épiceries prêtes à vendre de l’alcool à prix modique, en grande quantité, sans être trop regardantes sur l’âge des clients. Finalement les filles étaient là pour s’amuser avant tout, et elles non plus n’étaient pas trop regardantes.
Au couché du soleil, la tente était plantée, les bouteilles étaient achetées et entamées et les filles abordées. Ben et Jack avaient entamé la discussion avec Nancy et Claudia au bord d’un feu de camp en cours de mise en route. Ils n’avaient pas longtemps hésité après avoir vu les deux amies, l’une rousse, l’autre brune, toutes deux belles et élancées. La soirée de printemps martien était douce et les deux filles ne portaient qu’un bikini, les flammes du feu naissant faisant jouer les ombres sur leurs peaux légèrement bronzées.
Ces vacances s’annonçaient épiques, contrairement à la discussion qui s’annonçait emplie de vacuité.

Un grand bol de morceaux de viande [Maniak]

Lumière.
J'essaye de fabriquer des poupées à partir de bandes celluloïd de films pornographiques des années 70. Il faut trouver la température idéale pour transformer le nitrate de cellulose surchargé de fantasmes en une pâte souple et lisse sans le brûler. Mes mains ne sont plus qu'un amas de crevasses et de cloques. Comme il m'en faut une énorme quantité, je harcèle les cinéma de quartier et les collectionneurs sans leur révéler le sort que je réserve aux précieuses bandes. Ils sont durs en affaires. L'odeur du celluloïd brûlé est ignoble.
Dans le four, le visage de Linda Lovelace avec une immense bite dans la bouche se transforme peu à peu en jouet pour enfants.
Fondu au noir.

Lumière.
Les indiens gagnent toujours à la fin. C'est parce que le cinéma que je fréquente est construit au dessus d'un vieux cimetière indien qui possède encore une aura suffisamment maléfique pour influencer le déroulement des films. John Wayne meurt. Clint Eastwood meurt. Tous les cow-boys de tous les westerns sont systématiquement massacrés par des indiens vengeurs. En allant voir un film romantique avec ma copine, j'ai eu la surprise de voir un guerrier commanche aux cheveux longs et au visage creusé de rides planter une flèche dans l’œil de Hugh Grant et le scalper avant de s'enfuir avec la fille.
Le projectionniste et la fille du guichet ont le visage typé et les cheveux noirs. Je suis sûr qu'un jour il vont me trancher la gorge avec un couteau en silex avant la fin du film.
Fondu au noir.

Lumière.
Le fantôme du projectionniste suicidaire est toujours pendu dans la cabine au dessus de la salle. Quand on allume le projecteur, le faisceau lumineux traverse le fantôme et pare le film d'une teinte glauque et déprimante.
Plus personne ne rit dans la salle.
Fondu au noir.