vendredi 18 novembre 2011

Aux sévices de Dieu [Nosfé]


1.
Il suffira d'un cygne...

Boire mon petit café du matin avec ça devant les yeux n'était certainement pas le truc le plus fun qui me soit arrivé.
A côté de moi, Jules non plus n'en menait pas large; son gobelet plastique était encore plein, et le jus de chaussette qu'il contenait devait avoir bien tiédi...
Revenant accompagné d'un adjoint au maire qu'on avait, à en voir ses cernes, cheveux et vêtements en bataille, vraisemblablement tiré du lit, le gardien avait retrouvé quelques couleurs. Le vieil homme avait déjà dû en voir des vertes et des pas mûres, mais je ne doutais pas un instant du choc que ça pouvait être pour lui. Après les salutations d'usage, et comme d'un commun accord, nous nous tournâmes tous les quatre, silencieux, le nez dans le grillage, à contempler le charnier.
Éventrés, découpés en morceaux épars et dépecés, baignant dans un mélange de boue et de sang ou flottant dans les eaux rougies de leur petite mare, la demi-douzaine de cygnes du parc municipal étaient là, face à nous, en pièces détachées.
L'adjoint au maire, fidèle à son rôle de politicard, sortit une banalité.
- Quel genre de malade peut bien faire une chose pareille ?
J'avais bien envie de lui sortir une petite vanne, mais j'avais eu des remontrances peu de temps avant, m'indiquant qu'il fallait que je fasse pédale douce sur les sarcasmes. Je me tus donc.
Le vieux gardien avait la lèvre qui tremblait sous sa moustache grisonnante et les yeux bien humides. Il murmura quelques mots, Jules lui demanda pardon, et il répéta, plus fort :
- Je crois qu'il en manque un.

samedi 5 novembre 2011

Une crèche de Noël - Extended Cut [Herr Mad Doktor]


1

Monsaigneur l’évêque Sassott était dans tous ses états : il lui manquait une Vierge à l’Enfant et un Christ sur sa croix pour la Traditionnelle Crèche Vivante de Noël. Or pour son humble paroisse il s’agissait de l’évènement de l’année, attirant un nombre record de fidèles... Impossible d’offrir une Crèche au rabais, sous peine de voir ses ouailles déserter la Cathédrale au profit de la Mosquée d’En Face. Avec leurs spectacles son & lumière explosifs (bim ! bam ! BOUM !), les Musulmans faisaient partie des chouchous du grand public. Poudre aux yeux ! se lamenta l’évêque. Aux déluges d’effets pyrotechniques, lui préférait l’authentique simplicité des saintes écritures, respectées à la lettre par de pieux interprètes. La voie du salut se trouve dans le dénuement, non dans le strass et les paillettes. Cela était bel et bon, mais ça ne lui donnait pas pour autant la solution à son épineux problème…

vendredi 4 novembre 2011

Au cinquième jour [Corvis et Martin Lopez)


       Cinquième jour.
On était douze au départ, nous ne sommes plus que cinq. Les seules munitions qui nous restent serviront à nous suicider. Les barricades ne tiendront plus longtemps. J’essaie de regarder en arrière, de repenser à toute cette histoire depuis le départ, mais je n’y arrive vraiment pas. Et comme il n’y a plus de futur vers lequel se tourner… Ma tête est vide. Mon arme aussi. Mon cœur également, je ne ressens plus aucune émotion. Je n’ai plus peur, je n’ai plus de colère en moi. Je suis aussi vide que les créatures qui nous attendent dehors. Je veux juste que ça finisse.    

Sens Dessous [Dark Knight 59]

SENS DESSOUS
Ou le jour où Dieu dit : que les ténèbres soient.


Il est difficile de voir son propre reflet dans un écran d’ordinateur lorsque ce dernier est en veille et qu’il n’y a plus de lumière. Au bout d’un certain temps, les yeux s’habituent à l’obscurité, mais à plus de cent mètres en dessous du sol, les ténèbres restent si présentes que l’on préfère garder les yeux fermés, comme un petit enfant fuyant l’obscurité nocturne de sa chambre en se pelotonnant sous ses couvertures, bien à l’abri du dévoreur de pieds présent sous le lit chaque nuit. Cela permet de développer légèrement ses autres sens. Adonnez-vous à cet exercice. Pendant quelques instants, fermez les yeux et amusez-vous à sentir votre odorat et votre ouïe devenir plus sensibles au monde. 

jeudi 3 novembre 2011

Pourquoi il faut consciencieusement nettoyer les toilettes après usage [Herr Mad Doktor]


            Il était une fois, en des temps troublés, un juge à la sévérité sans pareille…

A l’issue d’un procès qui avait défrayé la chronique, le jury condamna à l’unanimité M. Walter Colza, dit L’Abomination des Cabinets de Westwood, à la peine capitale ; il n’avait pas tiré la chasse.  
« Et vous pouvez vous estimer heureux ! le sermonna le Juge O’Balley. En regard de ce crime barbare, je trouve la sentence plutôt clémente. La pauvre femme qui a eu la malchance de découvrir les fruits de votre forfait perfide demeurera constipée pour le restant de ses jours ; quant au lieu du crime, le très chic immeuble Westwood, il a dû être entièrement détruit pour des raisons sanitaires. Par votre faute, trente honnêtes employés se retrouvent au chômage technique. Puissiez-vous vivre avec cela sur la conscience… A mon sens, un tel outrage aurait mérité une séance de torture à l’ancienne, avec tisonnier chauffé à blanc et supplice de la roue. Mais vous avez de la chance : ce matin, je suis allé à la selle. »
Les gendarmes emmenèrent le condamné, abasourdi.
« Accusé suivant ! » hurla le Juge O’Balley, en martelant frénétiquement son pupitre.

Monsieur Léonard et le Ca(ca)pitalisme [Herr Mad Doktor]


Il était une fois, au 23ème étage d’un HLM de Province, un inventeur en herbe appelé M. Léonard, dont la dernière et formidable trouvaille promettait de rapporter un maximum de pépettes…  
Ce n’était pas tous les jours que l’on découvrait un moyen de propulsion révolutionnaire! Ecologique par nature, inépuisable, gratuit, son moteur new-age avait tout pour conquérir le monde. Les rois du pétrole dans leurs palais d’Orient n’avaient qu’à bien se tenir : sa Caca-Mobile© était sur le point de casser la baraque ! Certes, quelques menus détails restaient à régler, mais les grandes lignes de son projet étaient toutes tracées...

Le Secret des elfes [Herr Mad Doktor]


            Il était une fois, dans le lointain et méconnu Royaume du Rek’Thüm, un elfe qui faisait caca. Tout du moins, qui essayait… Parce qu’elle était bien gentille, Mère Nature, d’avoir filé à son peuple le don de Communication Universelle, mais franchement, sans vouloir la vexer, ça ne facilitait franchement pas l’intimité.
« Un don, un don, maugréa l’intéressé en bouchant vainement ses oreilles pointues, une saleté de fléau, ouais ! »   
A son corps défendant, l’elfe Sylvain (c’était là son petit nom) comprenait en effet le doux chant des oiseaux, le dur langage des pierres, et même le vert parler des mauvaises herbes. Du matin au soir, leurs voix imbéciles s’infiltraient impudemment dans sa caboche, et vous savez quoi ? Tous autant qu’ils étaient, les enfants de Mère Nature se fendaient la poire : « L’elfe fait popo ! l’elfe fait popo ! », voilà ce qu’ils chantonnaient à tue-tête. Difficile, dans ces conditions, de trouver un coin où déposer tranquillement ses petites affaires…

mercredi 2 novembre 2011

Session 3 : Zoo & Mythologie réactualisée --> 04/12/2011

La Session 3 aura donc pour thème Zoo & Mythologie réactualisée.


Devenez les nouveaux James Joyce, Neil Gaiman, Haruki Murakami ou Mary Shelley, et insérez un mythe (antique, amérindien, hindou, chrétien, arabe...) dans un contexte moderne.

Cette fois-ci, il est obligatoire d'utiliser les 2 thèmes dans la nouvelle : le Zoo, qu'il soit de Vincennes ou du fin fond de la Galaxie, doit donc faire partie intégrante de votre histoire.

La date limite de participation est fixée au Dimanche 4 décembre, minuit.

Que les Dieux soient avec vous!