mercredi 22 août 2012

Les aventures de Lapinou, le lapin fou, contre les robots-ninjas [Vinze]


Lapinou se reposait dans son quartier général de Fond-de-Terrier. Il écoutait Bob Marley and the Wailers en alternant carotte et pétard. C'est là qu'il reçut le message d'alerte. Le docteur Méchant avait lancé ses troupes de robots-ninjas sur la forêt magique. Le docteur Méchant n'était peut-être pas vraiment docteur, mais il était vraiment méchant (la frustration de ne pas être un vrai docteur). Et puisque Winnie était trop occupé à draguer en boîte en glissant de la drogue dans les boissons des jeunes gazelles, c'était à Lapinou qu'incombait la tâche de sauver le pays magique des animaux anthropomorphes. Fichtre-zut ! s'exclama-t-il. Qu'il devient ardu de procrastiner en paix ! Son compère la tortue-ninja avait peut-être reçu l'appel de détresse, mais rien n'était moins sûr.
Conscient de sa responsabilité, il ne pouvait ignorer cet appel. S'il ne sauvait pas le Pays Magique, c'était l'imaginaire de millions d'enfants du Pays des Vrais-Gens qui était menacé. Une invasion sentaï en pays fontainien (ou même en région carollienne), c'était inédit et inquiétant. Toute cette violence allaient perturber les vibes de Jah, et ce n'était pas sympathique, Sacré-Caramel !
Armé de son courage et de ses carottes magiques, il s'empressa d'enfiler son costume marqué des lettres LLLF (pour « Lapinou Le Lapin Fou ») et de s'extraire hors de son terrier secret, les oreilles dressées, en alerte. À nous vingt-sept, vils sacripants ! (oui, le docteur Méchant était accompagné de vingt-cinq robots-ninjas ; c'était indiqué dans le message d'alerte).
Bondissant par delà brins d'herbes et pâquerettes, Lapinou ne connaissait pas la fatigue – il avait dormi presque vingt heures la nuit précédente et ses forces étaient à leur paroxysme. Crénom de ballon, ils vont voir de quel chanvre je me chauffe !


Hé Cousin ! Il s'arrêta net à cette interjection. C'était le lièvre, son arrogant cousin. Il était appuyé à un arbre et venait d'achever de rouler un joint. T'aurais pas du feu, cousin ? Bien sûr Lapinou avait toujours du feu pour honorer Jah. En lui tendant le foyer de la flamme, Lapinou interrogea son cousin sur les baskets qu'il portait à ses pieds : Tu fais encore une course ? Le lièvre lui expliqua que c'était effectivement le cas, mais qu'il s'octroyait une pause bien méritée qui ne l'empêcherait pas d'arriver le premier, haut la main, sur son adversaire. Lapinou laissa là son cousin, le temps pressait et lui ne pouvait s'octroyer cette pause qu'il méritait au moins autant que ce dernier.

Les robots-ninjas étaient là, au fond de la clairière de Claire-Fontaine, occupés à écraser les fleurs de leurs talons tandis que le docteur Méchant restait en retrait pour agrémenter leur pillage de son rire sardonique et tonitruant d'une voix de stentor. Mouhaha ! Lapinou s'efforçait de garder son calme, le saccage des parterres était d'une cruauté sans nom qui ne pouvait rester impunie. Mouhahara bien qui mouhahara le dernier !
Il sortit une botte de carottes magiques de sa besace et attaqua les envahisseurs, en commençant par les sbires mécaniques. Chacun d'entre eux touché par une carotte magique se désintégrait par caroténase magique. Quand une demi-douzaine des robots-ninjas eurent rejoint la dimension de l'oubli, le docteur Méchant le remarqua ; mais il s'attendait à l'arrivée de Lapinou – d'ailleurs il le précisa : Lapinou, je t'attendais ! Puis il se lança dans une diatribe invitant Lapinou à une pratique incestueuse avec sa génitrice, qui selon les dires du savant fou était une lapine particulièrement extravertie et chaleureuse. Lapinou en fut chagriné, sa mère était une lapine qui avait toujours respecté les convenances et pour laquelle il n'éprouvait qu'un logique amour filiale ; de toute évidence le docteur Méchant, aveuglé par sa haine, faisait preuve d'une erreur de jugement et de médisance.
Le terrible ennemi mythomane lança son escadre de sbires mécaniques après lui. Lapinou répliqua. Tenez ! Mangez ça, ça vous rendra aimables ! Alors qu'ils fonçaient sur lui, le super-lapin continuait à mitrailler les karatékas positroniques de ses bombes végétales. Dans vos poires, carabistouilles ! Et avant qu'il ne soit submergé, il en avait encore envoyé une bonne dizaine par delà les dimensions magiques. Mais il en restait une autre dizaine qui, le confondant avec un ballon de forme ovoïde, entreprirent la constitution d'une mêlée fermée (selon les règles du rugby à XV, pas de celui à VII).
La situation était pénible : le poids de ses adversaires l'écrasait ; tout comme le poids des responsabilités. Lapinou ne pouvait que le constater : C'est vraiment lourd, flûtiau mal accordé ! Il lui fallait sortir de cette mauvaise passe avec le sang froid et l'astuce qui le caractérisaient. Puisque l'accès à l'air libre lui semblait interdit, il allait faire la seconde chose qu'il faisait le mieux au monde : creuser un terrier – oui, rouler un pétard n'aurait été d'aucune utilité dans cette situation.
Sorti à quelques mètres derrière le pack, Lapinou lança ses dernières munitions dans la mêlée. Qu'ils soient tous ainsi agencés arrangeait ses affaires, il pouvait ainsi se débarrasser de tous ses adversaires en même temps. Et hop ! D'une carotte deux coups !

Mais il restait le docteur Méchant. Seul et visiblement désarmé, mais toujours aussi déterminé. Sacrevindiou ! Lapinou n'avait plus de munitions à portée de patte et un terrible face à face s'annonçait. C'est alors que le savant fou sorti son arme secrète : Mouhaha Lapinou, admire la puissance de mon rayon déflecteur à positrons quantiques ! Et un halo entoura le docteur qui se mit à croître. Dépassant les cimes, jusqu'à avoir la tête dans les nuages, il pouvait désormais écraser les arbres sous ses pieds, plutôt que les fleurs. La tâche s'avérait ardue, Lapinou ne lui arrivait pas à la cheville.
C'est alors que son esprit se mit en branle afin d'accoucher de l'idée qui lui permettrait d'avoir une chance de vaincre : Il lui faudrait mettre en jeu ce qu'il faisait de mieux après les pétards et les terriers. Grandiloquente idée ! Eurêka ! Dansons la carioca !
Le docteur Méchant était immense. Mais sa carrure le rendait extrêmement lent, et les nuages brouillaient sa vue. Et tandis qu'il levait le genou par delà les cimes dans le but d'écraser le minuscule lapin, ce dernier eu tout le loisir de vaquer à sa troisième grande spécialité : celle qui achève le cycle de digestion. Puis il déguerpit au plus vite ; déguerpir était la quatrième chose qu'il faisait le mieux après fumer, creuser et faire ses besoins (de peu devant dormir et manger, domaines dans lesquels il excellait également).
L'immense semelle s'écrasa là où Lapinou se tenait quelques instants auparavant. Mais, à défaut d'un léporidé, cette dernière ne rencontra que de petites billes dures. Le docteur Méchant sentant son pied entraîné par le roulement ne put maintenir son équilibre et parti à la renverse. Sa tête, qui tombait vraiment de très haut, heurta violemment le sol, lui faisant entrevoir de nombreuses chandelles, accompagnées d'étoiles.
Victoire ! s'écria le lapin, le scélérat est au tapis ! Empressons nous de neutraliser le bougre ! Mais au moment où il s'apprêtait à mettre ses paroles en actes, le docteur Méchant, jamais avare de duperies magiques, s'évapora dans les airs. Probablement s'en était-il retourné dans une dimension moins idyllique qui siérait mieux à son tempérament ombrageux. Peu importait, au fond, ce qu'il était advenu de l’intrus ; le principal était qu'il ne risquait pas de remettre les pieds au pays magique des animaux anthropomorphes avant un bon bout de temps. Lapinou pouvait retourner à son terrier secret, vaquer à ses occupations habituelles.

Alors que Lapinou, de retour chez lui, vaquait à ce qu'il faisait le mieux au monde, Tortue-ninja arriva dans la clairière : Kowabunga ! J'ai beau devancer le lièvre, j'ai l'impression d'arriver un peu en retard !

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