lundi 11 août 2014

Denis Noodle et le sexe [Southeast Jones]

I


- Je ne doute pas que votre addiction soit un handicap dans votre vie de tous les jours, mais en admettant que cela soit possible, la solution que vous proposez ne risque-t-elle pas d’aggraver les choses ?  

- Vous êtes l’un des chirurgiens les plus compétents qui soient, l’un des plus chers aussi, vous vous targuez de pouvoir réussir n’importe quelle opération, ne vous préoccupez pas des conséquences, j’ai déjà songé à ma reconversion. Je n’ai qu’une question à vous poser : pouvez-vous le faire ?
- Il me faudra du temps pour trouver le matériel compatible, je devrais faire des simulations, mais la redirection des stimuli aux bonnes terminaisons nerveuses ne devrait pas poser de problème majeur. Je m’inquiète plutôt pour l’impact psychologique qu’auront sur vous ces changements pour le moins peu orthodoxes. Dans un certain sens, on peut parler de transhumanisme, vous…
- Oui ou non ?
- Bien sûr que oui.
- Combien de temps ? 
- Donnez-moi six mois, je vous recontacterai.


***


          Denis Noodle serra la main du docteur et un large sourire aux lèvres, décida de se promener un peu avant de rentrer au Noodle Building. Chemin faisant, il agressa une petite vieille, la viola par devant, par derrière et à peine assouvi se jeta littéralement sur un passant qui n’en demandait pas tant, le cher homme refoulait son homosexualité depuis plus de trente ans. Il leur laissa sa carte, ainsi que le numéro de téléphone de son avocat, les assurant que quelle que soit la somme réclamée en compensation, elle leur serait versée sans discussions.
         La police fut appelée à la rescousse par des badauds, mais ils savaient déjà à qui ils avaient à faire, qui d’autre que Denis Noodle serait assez fou pour violer quelqu’un au beau milieu de la rue ? Bien sûr, ils prirent leur temps, Monsieur Noodle avait une sainte horreur d’être interrompu dans ses ébats. L’un des agents arborait un splendide coquard, un autre se massait une épaule visiblement luxée. La bagarre au commissariat avait été rude, on comptait une demi-douzaine de blessés dont certains seraient en incapacité de travail pour plusieurs mois. Les apparitions de Noodle occasionnaient toujours de graves échauffourées, dans ses bons jours, le cher homme savait se montrer très généreux.  Les heureux vainqueurs se frottaient mentalement les mains, imaginant déjà le chèque à quatre zéros qu’ils ramèneraient ce soir à la maison.. Comme il se doit, un délégué syndical les accompagnait. Ce serait lui qui aurait les deux plus gros chèques, le premier à son nom et l’autre pour les orphelins de la police.
          En bon et honnête citoyen, cigarette au bec, Noodle les attendait calmement appuyé contre  le capot de sa berline. Il signa les chèques avec le sourire, plaisanta un peu avec le délégué syndical puis monta dans sa voiture, ce petit exercice lui avait donné faim.
Il dîna sobrement d’une salade César et d’une bouteille de Chardonnay californien. Il ne put s’empêcher de peloter la serveuse et se sentant de nouveau très excité, lui proposa un pourboire de cinq mille dollars pour qu’elle accepte de se coucher sur la table. Il fut très étonné, presque choqué, de la voir refuser, mais une dame obèse assise à une autre table lui proposa une fellation pour la moitié de la somme. Haussant les épaules, Noodle tomba le pantalon et introduisit son membre, qu’il avait énorme, dans la bouche gourmande de l’heureuse élue. Pendant qu’elle s’affairait, il but un excellent cognac et alluma un somptueux et coûteux Montecristo. Comme il éjaculait, il réussit un splendide rond de fumée.
Denis Noodle était un homme d’une exquise politesse, il la remercia et rédigea le chèque promis en lui offrant son plus beau sourire.
          Alors qu’il rentrait, son dogue allemand vint lui faire la fête, il n’en fallut pas plus pour réveiller sa flamme. Une fois de plus, Noodle regretta de ne pas avoir choisi une femelle, il allait certainement encore se faire très mal, mais comment résister à ces fesses poilues et rebondies ? Peut-être qu’en utilisant de la vaseline ?
Il était près de dix-sept heures, il téléphona à son agence d’escorts habituelle et demanda qu’on lui envoie une dizaine de filles. La nuit fut belle, agitée et courte. Il s’était déjà masturbé trois fois lorsque son majordome lui apporta son petit déjeuner à sept heures.
Ainsi était la vie de Denis Noodle, sex addict et perpétuellement insatisfait.


II


       
         L’opération dura dix-huit heures, pour l’occasion le docteur Turnbull avait réuni sept chirurgiens, la crème de leur profession. Il avait peiné pour les convaincre d’accepter, on l’avait traité de fou, de nazi, quelques uns en avaient même appelé au Conseil de l’Ordre, en vain. Denis Noodle donnait sans compter pour la recherche médicale.
L’opération fut une parfaite réussite, mais le résultat était étonnant.
Noodle avait demandé à être placé en coma artificiel, tant pour éviter les douleurs post-opératoires que pour se réveiller parfaitement fonctionnel. Turnbull attendait ce jour avec impatience, il était curieux de voir la réaction de son patient.
         Le grand jour était arrivé, une meute de journalistes se trouvait devant la vitre d’une chambre de réveil spécialement aménagée pour l’occasion. Turnbull buvait du petit lait.
- C’est une première mondiale, Docteur, pouvez-vous nous expliquer en quoi elle a consisté et ce qui vous a poussé à accepté de faire cette opération ?
- Le patient ressentais une immense souffrance psychologique, imaginez que son extraordinaire constitution lui permettait d’être continuellement en érection ; il était capable d’avoir plus de trente relations sexuelles par jour sans éprouver plus de satisfaction que vous n’en n’auriez à sauter bobonne chaque jour de la même façon depuis vingt ou trente ans. C’était un violeur, courtois et honnête, je vous le concède, mais un violeur quand même. Ses victimes se comptent par centaines. Il est heureux pour lui qu’il compte encore plus d’amis chez les hommes les plus influents de ce monde. Bref, l’opération a consisté à lui greffer des pénis aux endroits qu’il m’avait indiqués. Il en a un à chaque doigt, un au dessus du coccyx, un autre sur le front, c’est celui dont je suis le plus fier. Tous sont reliés à l’hypothalamus latéral, j’ai du créer de nouvelles terminaisons nerveuses et les agencer de façon à ce que les orgasmes soient synchronisés. Il n’y aura bien sûr pas d’émissions séminales, je ne vois pas comment j’aurais pu en plus lui greffer des testicules.
A bien y réfléchir, peut-être que…
Il prit rapidement quelques notes avant de poursuivre.
- Cette opération a fait de lui un autre homme, j’en sais un peu plus aujourd’hui sur sa reconversion. Il a acheté la plupart des maisons de production pornographique de cet état, il sera à la fois producteur, scénariste et acteur, en fait, le seul de sa nouvelle maison, excepté les seconds rôles recrutés pour les films gays. 
- Il est toujours dans le coma ? demanda une jeune femme.
- Non, il est en phase de réveil, regardez, il vient de changer de position. Ses paupières bougent, je pense qu’il rêve. N’est-il pas magnifique ? Voyez comme il a l’air heureux, on dirait un enfant, il suce son pouce.


          


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire