Je m’appelle Juan
Milòn, originaire de Porto Rico, non je n’ai jamais mis un pied là-bas, non je
ne parle pas Espagnol, non je ne suis pas tatoué, non je ne fais pas partie
d’un gang. Je suis un Américain natif de Fairfax en Virginie ville qui
appartient à la banlieue de Washington DC. Les latinos sont rares ici, le taux
est plus faible que la moyenne nationale, on est dominés par les Afro-Américains.
Mon enfance a été banale, j’ai fait quelques conneries, vandalisme, vol en
superette rien de grave, un jour j’ai fait un doigt d’honneur à une prof. Je me
suis calmé quand mon père a voulu me couper l’oreille pour me punir et me laver
de mes péchés, j’avais 12 ans. Aucun rapport avec Van Gogh, je ne sais même pas
si dans sa misérable vie il en a entendu parler. Mes parents n’étaient pas trop porté sur la
culture, ma mère passait son temps à l’église elle me demandait tout le temps
de l’accompagner. Oui ma famille est croyante, donc fatalement je le suis un
peu mais je trouvais ça trop long, mon père, lui restait devant la télévision à
regarder les Washington Redskins en buvant sa bière. Il aurait voulu que je
joue au football, ce n’était pas mon truc, j’étais plus attiré par la lecture,
ce qui fait tache dans une famille pauvre, surtout pour se faire payer des
études à plus de 10.000$ le semestre.
Du coup j’ai commencé à
travailler dans des boulots de merde, pour ramener de l’argent au foyer
familial. Ma vie est donc faite de routine, tous les jours je me tape 50km aller-retour
de transport pour Washington. C’est mon Eldorado.
Jusque-là je
travaillais dans une épicerie gérée par des Coréens, j’y voyais une certaine
ironie, moi qui volait en superette des bonbons américains, j’étais là à vendre
des épices asiatiques. Mais tout ça c’est de l’histoire ancienne, Sarah une
amie, m’a offert une opportunité, un petit poste au Post. Oui oui au journal du
Washington Post, les révélations du scandale du Watergate, c’est nous.
Et aujourd’hui c’est ma première
mission, rapporter la conférence de presse du Président Bush à la Maison
Blanche.
J’y arrive à 7h30, on
me met dans un endroit spécial, une sorte de salle d’attente bien remplie, mais
avec des sièges très confortables. On m’apporte un café, au moins je sais où
vont nos impôts et on m’informe que le Président qui était en déplacement en
Floride, devrait décoller à 8h30. Je révise mes fiches, mais mon manque de
sommeil me rattrape et mes cernes sombres ne demandent que ça.
Au moment où mes yeux
s’ouvrent, la salle est vide, je me dis que j’ai loupé mon rendez-vous avec mon
destin. Je regarde ma montre, 9h48 mission échoué, sur mon portable 0 message,
bizarre que personne au Post ne m’ait demandé ce que je foutais, ces 2
dernières heures. En sortant de la salle d’attente de la Maison Blanche,
plusieurs personnes semblent affolées, perturbées, angoissées elles bougent
dans tous les sens, certaines pleurent même. On me fait signe de suivre une
direction et là je vois en écran géant un flash info disant que le Président
des Etats-Unis ne rentre pas à Washington, mais
attend l’Air Force One pour la base de Barksdale en Louisiane. Il se
fait attendre et il me pose un lapin en plus. Encore à moitié endormi je ne
saisis pas bien ce qu’il se passe. Je tente de m’informer auprès des gens présents,
la première personne ne me répond pas et part en sanglot. La deuxième répète,
« ce n’est pas possible », sans réponse. La troisième me dit que New
York a été touché. Je tente d’appeler Sarah, aucune réponse je sais qu’elle
devait se rendre au Pentagone ce matin.
« Le Président
Bush fera un discours ce soir à la Maison Blanche, il sera ramené par l’avion
présidentiel en début de soirée ».
Après ce message de la
télé, j’en conclus que je peux quitter les lieux. En prenant la sortie
principale j’entends les cloches d’une église, j’adore écouter l’annonce de
l’heure, 1 coup, 2 coups, 3 coups, 4 coups, 5 coups, 6 coups, 7 coups, 8 coups,
9 coups, 10 coups, je sors et le silence revient, seul un brouhaha de gens
troublés et un bruit sourd s’approchant perturbent le chant des oiseaux. Le sol
s’assombrit d’un noir qui ressemble à mes cernes, les feuilles volent de
partout, je lève les yeux au ciel et je vois le plus beau spécimen d’aigle
métallique au monde. Le Boeing 757-200 du vol 93 United Airlines qui vient
s’écraser sur ma tête et sur la plus célèbre Maison au monde. Il est 10h03 vous
êtes en retard, merci Mr le Président.
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