mercredi 31 août 2011

Le Buvec, éditeur Brecon [Paullux]


I

« En 1968, j'étais pour la sélection »
Pierre Le Buvec, éditeur


Cher Monsieur Le Buvec,

            Vous êtes un éditeur bonhomme et même affable au premier abord, et bien que nous différions à peu  près en tout, j'aimais à croire que ce stage  se déroulerait sous des cieux augustes. Mais Monsieur Le Buvec, si ce soir on me proposait d'oublier ce premier jour et d'arrêter les frais, je signerais sans hésiter.
            Car, il faut le dire, passer quatre heures de sa matinée à corriger les manuscrits d'auteurs mauvais comme des cochons, et arrogants de surcroît, ce n'est pas une vie. Oui, je pense à ce M. Benet, qui se veut littérateur, appelle ses nouvelles  « Romans », me serine pour une histoire de police 13 plutôt que 12, se pique d'une langue recherchée, début de siècle, mais creuse, ô creuse. Et puis, il faut bien avouer que ce que j'ai corrigé comme fautes ferait rougir les petits banlieusards que vous critiquez tant, Monsieur Le Buvec : je ne compte plus les accents circonflexes rajoutés sur les i ou la confusion systématique entre un imparfait et un passé simple. Mais ce M. Benet est un Proust à côté de vos journalistes avinés qui, cédant à tous les tics de langage, se rêvent les polémistes de demain en réhabilitant Maurice Papon ou en nous révélant les derniers potins de la CIA.       

mardi 30 août 2011

Cauchemars [Maniak]


Un bruit mou retentit dans le noir. La lumière verte d'une enseigne au néon baigne les murs de la chambre au travers de la fenêtre, et vient ramper jusque sur les draps humides. Les jambes entortillées dans les draps et la peau luisante de sueur, l'homme se redresse dans la pâle lueur. Tout autour de lui, l'obscurité. Seule sa respiration haletante vient troubler le silence. Ses yeux scrutent la nuit. L'oreille aux aguets, il tente de percevoir à nouveau le bruit qui l'a réveillé. Rien ne se passe. L'homme se recouche. Il tourne sur lui même, ce qui a pour effet d'emprisonner un peu plus ses jambes, bouge encore un peu, puis se rendort.

jeudi 25 août 2011

Terre et Mer [UnderConstruction]


   Du haut d’une falaise, une femme regardait un vieux bateau de pêche s’éloigner à l’horizon. Assise sur un rocher, sa longue chevelure rousse ondulant dans le vent, elle se tenait droite avec les bras croisés et le visage fermé.
   Quand le bateau disparut, elle se leva, tourna le dos à la mer et marcha vers la forêt sur le versant de la falaise. Le soleil se couchant, la pénombre s’installait au milieu des arbres. La douceur estivale et le parfum enivrant d’un soir d’été commençaient à envelopper le monde crépusculaire. Cependant, l’air marin dominait dans l’atmosphère et il attirait irrésistiblement la femme hors de la forêt.

vendredi 19 août 2011

London Calling [Etc]


« Je suis un peu pété. Je déambule dans Londres, ville que je déteste. Tout y est "trop". Les gens sont trop snobs, les prix sont trop élevés, la foule est trop grande, le ciel est trop couvert, les rues sont trop bruyantes. Et la conduite à gauche me laisse perplexe.
J’ai les jambes lourdes. J’ai fait les magasins tout l’aprèm, acheté une paire de tennis rétro' et jeté mes vieilles bottes dans une poubelle de restaurant. J'ai traîné dans les pubs.
Me voilà dans une allée chic, où circulent des poufs à la queue de cheval impeccable et aux fringues hors de prix. J’y croise un banc et m’y allonge avec soulagement. Je tourne un peu la tête, histoire de voir défiler les nanas. Un peu vaseux, je les imagine nues. Un jeu pour les braves, car qu’importe la donzelle, vous devez lui ôter les sappes. Mentalement. C'est pas toujours évident, surtout quand l’une d'elles fait sa sortie d'hospice. Elles défilent, et le temps avec elles.

lundi 15 août 2011

Session 2 : Tentacules & Hallucinations - Date limite de participation : 16/10/11

Petit changement de règlement pour cette 2ème session : chaque participant a le choix entre 2 thèmes. Libre à chacun d'en utiliser un seul ou de mélanger les deux dans ses écrits, selon son inspiration.

Tentacules & Hallucinations, tout un programme en perspective...
Au boulot, par Cthulhu!

Session 1 : and the winner is...

Une crèche de Noël (Il est nez le divin enfant), farce grand-guignol-grotesque (© Vivi) de Herr Mad Doktor.

On m'informe que le lauréat saute de partout en hurlant qu'il vit le plus beau jour de son existence...

Merci à tous les participants of course, ainsi qu'à tous les votants pour avoir pris le temps de lire nos humbles nouvelles. Rendez-vous pour la Session 2, à l'occasion de laquelle nos talentueux auteurs essaieront de se surpasser!

dimanche 7 août 2011

Monsieur l'Abbé [Corvis]

Au matin du premier jour, Monsieur l’Abbé regarda le ciel encore clairsemé d’étoiles, et déchiffrant dans les astres le sourire adressé par le Seigneur, il se dit qu’il avait bien fait.
La soirée d’hier avait été chargée de remises en questions diverses et douloureuses, mais la nuit avait porté conseil, et Dieu, un réconfort certain. Le Tout-Puissant l’avait créé à son image, lui plus encore que tous ces fils autoproclamés par les interprétations douteuses des Écrits Saints. Ses paroles et ses actes lui avaient toujours été dictés par Lui, et cela était juste. Douter aurait seulement prouvé qu’il fût indigne de rester son représentant et son dévot le plus fidèle.

samedi 6 août 2011

A genoux [Wolvie]

                  Je crois que lorsque cela m’arriva, seule l'impression constante d’avoir perdu pied résonna au fond de moi comme un pouls régulier. Vous savez, ce sentiment que votre monde s’écroule, celui-là même que l’on rabâche dans tous ces films dramatiques, mélodrames larmoyants censés vous montrer à quel point la vie est cruelle. Des films faits par des gens qui justement n’ont pas connu cette souffrance. Parce que quand on la ressent, aucun mot, aucune image, ne peuvent la faire comprendre et encore moins la soulager. C’est peine perdue. Soit l’on se noie dans l'alcool ou l’on se shoote à coups de cachetons, soit on pleure à n’en plus finir, et seuls vos cris déchirants témoignent alors de votre douleur et font office de pansement, mais à quel prix dans ce cas. Car, lorsque l’on perd un être cher, encore plus quand c’est celle avec qui vous partagiez votre vie, plus rien ne vous retient. Et pas uniquement à la vie. À tout.