samedi 24 octobre 2015

La maison silencieuse [Docteur Benway]

La maison se tenait là, devant lui, le dominant de toute son imposante stature, comme un gardien silencieux, endormi comme tous les gens normaux à cette heure avancée de la nuit. Les volets clos, le lierre qui avait envahi la quasi-totalité de la façade, formant comme un camouflage naturel sous lequel l’immense bâtisse se dissimulait, attendant que quelqu’un la réveille…
L’herbe était si haute désormais que les jardins ressemblaient à des champs en friches, à des jungles dangereuses, dans lesquelles çà et là on pouvait trouver de vieux objets, abandonnés par les anciens occupants ; on pouvait à peine entrevoir la balançoire, contre laquelle reposait encore un vélo abimé, rongé par la rouille.

jeudi 8 octobre 2015

Une renaissance [Yoann]

Mars, Olympus Mons, 18 juin 2259


Monsieur P. M. dormait profondément. Il avait laissé les fenêtres de sa chambre grandes ouvertes, espérant ainsi y faire entrer un peu de la fraicheur nocturne. Voilà maintenant trois semaines que la canicule s’était abattue sur les plaines et plateaux désolés de la planète rouge.
Le Soleil était entré dans un nouveau cycle de turbulences, et la majorité de l’énergie produite par les Centrales Nucléaires Individuelles était redirigée vers les boucliers-écrans protégeant les habitations, écartant la multitude de rayonnements mortels en provenance de l’étoile. Tout cela au détriment des régulateurs atmosphériques qui avaient tendance à surchauffer. Aussi, malgré l’air froid et sec de Mars régnant autour des impalpables champs de force, la température frôlait régulièrement les quarante degrés à l’intérieur des quasi-dômes d’habitations.

Les Rêves Assassins [Nosfé]

Il était debout, tendu, chancelant, tenait la bombe aérosol à bout de bras, face à lui. Bloquant sa respiration, il fit pression sur la fine gâchette de plastique.
La buse du diffuseur cracha son nuage irritant. Les gouttelettes de gaz poivre lui sautèrent au visage.
Il cria, recula d'instinct, jetant au sol la cartouche d'autodéfense. Tout son visage le brûlait, mais le pire était pour ses yeux, comme dévorés par la capsaïcine, plaies béantes arrosées de sel. Il resta de longues minutes à pleurer, renifler, à frotter sa cornée meurtrie. A tenter d'atténuer, d'une manière ou d'une autre, cette douleur qu'il s'était lui-même infligé.
Le moindre battement de paupière ravivait le feu. Il ne pouvait plus cligner des yeux sans que la sensation de brûlure ne revienne. Hors de question alors de les fermer et de se laisser envahir par le sommeil. Hors de question de dormir.
Il avait gagné quelques heures.