Appendice à la nouvelle Pow-Wow
à destination des fâchés avec l'Histoire-Géo et des hermétiques à l'Art
subtil de l'Uchronie.
N.B. : Lisez la nouvelle avant cet appendice, sans quoi ça
spoile quelque peu.
L'idée
de départ de Pow-Wow est simple : et
si les États-Unis tels qu'on les connaît n'avaient pas existé ? Et s’ils ne
s'étaient pas étendus au-delà des 13 colonies originelles ? Et si c'était alors
les nations amérindiennes qui seraient l'Amérique du Nord ?
Et
à partir de là, imaginer l'organisation, et l'appréhension qu'auraient ces
nations amérindiennes du monde occidental.
Je
n'ai pas trop creusé l'organisation de ces nations indiennes. Loin du cliché du
tipi, la plupart des tribus sont avant tout sédentaires, et les Cheyennes,
ainsi que je le soulève dans le deuxième paragraphe, étaient des cultivateurs.
La nation Pawnee du narrateur vient des grandes plaines du Midwest, et partage
sa vie entre huttes de terre et vie nomade en tipi pour la chasse, le temps des
grandes migrations.
Le
choix des nations iroquoises comme responsables des négociations et
interactions avec les nations européennes se réfère à leur position
géographique (au Nord-Est, au niveau de l'actuel frontière entre les EU et le
Canada) et aux faits historiques : ils ont été en relation et en conflit avec
les colons anglais et français, et se sont réellement unis, plus tard, en une
seule et même nation.
Les
autres références aux nations et aux cultures amérindiennes (drapeau des
tribus, longues maisons de bois iroquoises, déroulement du pow-wow) sont
authentiques.
L'explication
du statu-quo des frontières coloniales anglaises est plus complexe.
En effet, parmi les premières
sources de désaccord entre la Couronne britannique et les colons, et qui
déboucherait plus tard sur la Guerre d'Indépendance, on compte la Proclamation
de 1763, dans laquelle l'Angleterre, afin de garantir la paix avec les nations
indiennes, interdit toutes expansion à l'ouest. Cela frustrait les colons,
d'autant que la plaine de l'Ohio, là où passe la délégation indienne dans la
nouvelle, est particulièrement fertile, alors que les sols des Appalaches, là
où sont concentrés les colons, sont pauvres.
Sans
trop entrer dans les détails, on peut imaginer que la Guerre d'Indépendance américaine
à plus ou moins échoué, et que, dans l'accord de paix qui a été conclu, on ne
remettait pas en cause cette proclamation de 1763...
D'autant
que cette nouvelle met en scène une France coloniale plus forte. Cette même
proclamation de 1763 faisait concéder les territoires de Nouvelle-France à l'Angleterre.
Canada, Acadie, et Louisiane orientale devenait anglais. Dans Pow Wow, le Québec et la Louisiane sont toujours français, mais qui plus
est indépendants. On peut imaginer que le Traité de Paris de 1763, qui
concédait ainsi ces territoires, avaient échoué, que les colons français en
avait tiré un sentiment de trahison, et qu'ils avaient, en même temps que les
anglais d’Amérique, réclamé leur indépendance. La France, ayant fort à faire
avec ses propres colons, n'allait ainsi pas offrir le soutien du fameux
Lafayette aux insurgés, et nations européennes et colons ne sortiraient de la
guerre qu'avec une indépendance sous condition.
Reste
le cas de l'Espagne. Les cartes du XVIIIème siècle représentent communément la
plus grande partie des Amériques comme espagnole, sans que leur présence ait
été marquante. Mais avec des villes s'appelant Los Angeles ou San Francisco, on
peut considérer que, sans opposition d'autre colons, la Côte Ouest des E.-U.
était et serait restée espagnole. De plus, je ne me suis pas encombré de la
chronologie des guerres d'indépendance au sein des colonies ibériques et des
révolutions mexicaines. Toute l’Amérique du sud est présentée comme étant
toujours des colonies. Et pour m'en affranchir, je dirais que, les révolutions
états-uniennes ayant été les premières du genre, l'indépendance et la liberté
toutes relatives qui en découlent dans cette uchronie ont sans doute eu de quoi
refroidir les velléités sécessionnistes de bien des colonies...
Le
contexte du début de la Première Guerre Mondiale est symbolique : c'est le
tournant d'un siècle qui verra s'écrouler les grands empires coloniaux. C'est
un événement à portée mondiale mais dont les bases semblent si futiles,
obscures, lointaines. De la même manière que la France et l'Angleterre se sont engagées
dans cette « Der des ders » en entraînant avec elles leurs empires coloniaux,
il ne fait aucun doute qu'elles auraient fait jouer de leurs alliances, de
traités et d'autre passif commun pour amener leur anciennes colonies et autres
nations indigènes et amies à s'engouffrer aussi dans le massacre organisé.
L'idée d'un guerrier sioux ou apache plongé dans une guerre de tranchée à
l'autre bout du monde m'amuse assez. Et quand on sait, au niveau de la vérité
historique, la non-préparation totale des soldats américains dépêchés en 1917
(en short et chemisette, à peine armés et ravitaillés), il y a de quoi revoir
complètement le déroulement de la guerre.
Et
puis, ainsi que j'ai essayé de le faire transparaître dans tout le texte, un
tel engagement des amérindiens dans une telle guerre serait un point final à
apporter à un éloignement de leurs valeurs et leurs ordres ancestraux, à une
corruption culturelle déjà entamée. Une entrée, pour eux aussi, dans un XX ème
siècle mondialiste et uniforme.
(Ceci dit, pour être
totalement honnête, j'avais parlé à un ami, passionné éclairé de ce premier
conflit mondial, de mon hypothèse uchronique. Et il m'a répondu que, sans les
États-Unis, la première guerre mondiale aurait pu éclaté n'importe quand
plutôt. Tout le tournant XIX-XXème est en effet ponctué de guerres coloniales
diverses, de rebellions, que les grandes nations jugulent, matent, ou écrasent,
militairement ou politiquement. Et les USA ne sont – déjà - pas les derniers à
envoyer des forces armées. Un exemple au pif : la Révolte des Boxers, en Chine,
en 1900, matée par l'ensemble des forces armées occidentales.)
Voilà!
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